L’IMPORTANT C’EST LE POINT

 

 

Avec le temps la figure humaine, la représentation de la femme a pris une part de plus en plus importante dans mon travail. Elle s’est peu à peu précisée tant par les supports que par les formes et les techniques.

D’abord « Les Naufragés » réflexion sur la foule sans nom de peuples désespérés, en fuite, abandonnés, restitués par l’océan en amalgames d’ossements anonymes et de bois flotté, la matière revenant in fine à la nature. Incessant va et vient des vagues, cycle perpétuel de l’effort, de l’espoir, de la lutte, de la mort pour peut-être la renaissance.

Les « Vénitiennes » ensuite, portraits fugitifs, suggérés ,de passantes dans les ruelles de Venise, transparents dans les jeux de lumière et l’humidité des soirs d’été, polymorphes au hasard des mixités de populations furtivement croisées.

Puis « Les Petites Madames », représentation de la femme dans le temps, formes ,volumes et silhouettes en tissus rudes, ébauches paradoxales telles que symbolisées depuis les origines.

Et là, il y a quelques années, en ouvrant une malle de vieux papiers, j’ai découvert les noms et prénoms de ma généalogie et lu parfois des bribes de leurs vies. Pourquoi ne pas rendre hommage à ces Grand-mères et les représenter en buste de Marianne malgré leur passé si simple mais aussi leurs vies dures et remarquables ?

A petits points, dans de vieux draps usagés rapiécés, couturés, je couds et imagine des visages inconnus.

Et..de fil en aiguilles les Grands – Pères se sont imposés!…

La représentation de cette lignée aux visages imaginés est devenue un travail de mémoire, un voyage dans le temps ,l’histoire et la découverte de mes origines.

D’un regard plein d’émotions ,de compassion, d’humour et de tendresse j’ai fait connaissance avec ces femmes et ces hommes faits de mystères et secrets.

C’est ce matériau facteur d’aléas et de surprises qu’est le drap , avec ses coutures et ses reprises qui m’a permis de souligner quelques cicatrices de leur vie .

L’IMPORTANT C’EST LE POINT, il stoppe un nez qui devient trop long ou trop gros, il affine une lèvre, rend un œil malicieux,  ajoute une ride sur un front soucieux et autorise à coiffer toutes ces têtes différemment. C’est aussi le point qui sur le papier devient traitset lignes quand je brode à l’encre les portraits effilochés de ces aïeuls…

 

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